Dancefloor Syndroma
Nostalgique des soirées house et techno en Suisse dans les années 90, avec Mr Mike & DJ Djaimin, Willow, Gianni Parrini, qui officiaient. Djaimin était le dompteur de la house du moment. Son titre «Give You» distillait un murmure tellement irrésistible que les grands labels new-yorkais lui ont fait la cour.
Son image de marque : un costume blanc. C’est ainsi qu’il se tenait à la table de mixage quand il faisait chauffer ses soirées «Dancefloor Syndroma» au casino de Montreux. À le voir, on pensait à un croisement entre Den Harrow, le chanteur italien pop des années 80, et un jeune Jake La Motta, le boxeur américain. Infusion délibérée de fusion pour son premier titre, «Give You», aussi. « Les vocales de la chanteuse Alessandra étaient intentionnellement soul, au gospel house. La ligne de basse aussi avait un son New York, rappelle Djaimin, tandis que les synthés étaient de style européen, un peu à la Giorgio Moroder.»
Et le tout forme cette douce mélodie coulante parfaitement adaptée. Djaimin et Dom Torche, son partenaire de studio, arrachent à leur synthétiseur un gimmick, une sorte de son preset. «Give You» n’est pas devenu un hit dans les seuls clubs d’Angleterre. Le 19 septembre 1992, le titre se retrouve dans le Top 50 anglais, juste derrière «Barcelona», l’hymne des Olympiades de Freddie Mercury et Montserrat Caballé. Pas mal pour un titre fait pour les clubs et produit dans l’arrière-pays fribourgeois.
« On ne s’y attendait pas du tout », s’exclame Djaimin en riant au téléphone. Mais le potentiel à devenir un hit de «Give You», Djaimin le remarque enfin au New Music Seminar de New York quand le manager du label Strictly Rhythm (Mark Finkelstein) et celle du label Nervous Records (Gladys Pizarro) essaient d’en obtenir les droits. C’est Strictly Rhythm qui se les adjuge, le label de house autrefois le plus renommé du monde. Comme la chanteuse Alessandra n’avait pas envie de chanter live, Djaimin enregistre une deuxième version avec Mr. Mike, son complice de longue date. Il part en tournée avec et se produit entre autres dans le club londonien Ministry of Sound.
« Give You » a donné naissance à un total de 27 versions. Le titre est apparu dans une foule de compilations. Djaimin se souvient : « On n’avait pas un bon deal avec Strictly Rhythm. Ça s’est amélioré des années plus tard quand j’ai négocié un nouveau contrat avec Defected Records. » Et que reste-t-il encore aujourd’hui de ces débuts de l’ère de la house ? « Tout allait alors très vite. Ce n’était pas toujours facile. J’ai essayé de diffuser ce sound. Il me semble y être arrivé.»
Djaimin est le parrain de l’univers house en Suisse. Son mentor était Tony Humphries, le légendaire DJ du New Jersey. Djaimin était connu pour ses dramatiques accords de piano house. Mais il aimait aussi varier les plaisirs : il pouvait jouer un titre tout en filigrane de Chicago à un moment donné pour revenir à la house allemande au hit-parade de Snap. Pendant des années, les soirées de Djaimin sont retransmises sur Couleur 3 et le samedi sur DRS 3 aussi. Et ça a pris : Djaimin et son partenaire Mr. Mike ont infecté des milliers de jeunes Suisses avec le virus house music.